Mes poneys

Première rencontre avec la Welsh de ma vie

Jusqu'à ma rencontre avec Demoiselle, je ne m'intéressais pas à la race Welsh. C'était en 1978, j'avais 12 ans, je montais dans un centre équestre où il n' y avait que des chevaux (Selle Français, Trotteur Français principalement), je suis plutôt petite et j'aurais préféré monter des poneys, mais il n'y avait pas encore de poney-club sur ma commune. je m'intéressais aux shetlands, j'en avais monté dans un stage, aux Haflinger, qui m'avaient fait rêver mais que je n'avais pas pu monter dans ce stage, et à diverses autres races que j'élevais virtuellement dans des carnets (pas d'internet, à l'époque!). Ma meilleure copine, Pascale, qui m'avait transmis le virus des chevaux, les avait rencontrés en premier. Qui? Les Welsh: le noir Déjàlà, son préféré, le bai May-Day et l'isabelle Demoiselle. Ils étaient venus promener les enfants à la fête de l'usine Citroën, et ma copine avait aidé à les tenir et gagné une promenade dans leur élevage, La Filochais au Sel de Bretagne. Je l'ai accompagnée, nous sommes entrées dans le pré et j'ai tout de suite flashé sur Demoiselle, avec sa robe attrayante et son regard doux et intelligent. J'espérais que c'était elle qu'on me donnerait. Ce fut les cas, et une promenade inoubliable, même si Demoiselle était un peu difficile à tenir pour la débutante que j'étais! Et Demoiselle s'est mise à trotter dans ma tête comme poney de mes rêves, tandis que mes carnets s'enrichissaient de Welsh virtuels.

L'histoire aurait pû s'arrêter là, mais 1978, c'est l'année de l'ouverture du Poney-club de Fénicat, à un kilomètre ou deux de chez moi, et j'abandonnais joyeusement les chevaux pour repasser sur shetlands. Au cours de l'hiver 78-79, Fénicat enrichit sa cavalerie en double-poneys, en empruntant puis achetant deux Welsh à La Filochais: May-Day et ... Demoiselle!

Alors, j'ai commencé à mettre de côté tout mon argent de poche, les cadeaux de Noël ou d'anniversaire: plus de cadeaux que de l'argent, pour acheter Demoiselle. En 1981 j'avais la moitié de la somme (4500 F au total) et mes parents m'ont avancé le reste. C'est ainsi que je suis devenue propriétaire de Welsh. J'ai pu avoir ses papiers et apprendre par coeur son pedigree: Epona Demoiselle, fille de Weston Showman et de Kirby Cane Welcome, descendante de poneys avec de superbes noms gallois comme Coed Coch Bllaen Lleuad, son arrière-grand-père (ses papiers n'allaient pas plus loin)... C'était avant internet, depuis j'ai remonté l'arbre généalogique jusqu'aux fondateurs de la race!

Heureux événement

Quand j'ai acheté Demoiselle, c'était à la condition que je la laisse en demi-pension à Fénicat, où elle était nécessaire pour les cavaliers. En 1983, elle s'est fait une entorse à la rotule, et une fois guérie, j'ai pensé qu'une petite pause dans sa carrière de poney de club lui ferait du bien, et que c'était l'occasion de lui faire avoir un poulain. Demoiselle avait déjà eu deux ou trois poulains au Sel-de-Bretagne, mais le dernier, en 1976, était mort en bas-âge et Demoiselle en avait eu tellement de chagrin que pendant plusieurs années elle avait refusé l'étalon, et ainsi quitté sa carrière de poulinière pour une carrière de courses de trot avant d'être poney de club. J'ai espéré qu'elle avait eu le temps de changer d'avis, on a pris contact avec son ancien éleveur du Sel, Monsieur Hamon pour qu'il la présente à son nouvel étalon, Sunbridge Anthony. Demoiselle ne lui a pas dit non, et s'est trouvée pleine. J'ai trouvé le nom avant la naissance: 'Silmaril', joyau elfique (j'étais dans ma période hyper-fan de Tolkien). Le soir du 27 mars 1984, le bébé arrive... avec un énorme 'Silmaril' sur le front!

Une bonne mère

C'est vraiment quand j'ai pu voir Demoiselle maman que je me suis rendue compte de son intelligence exceptionnelle. Silmaril est né lors d'un printemps très froid, et lorsqu'il dormait dans l'écurie, Demoiselle lui poussait de la paille sur le dos avec son nez. Quand je l'ai eu habitué au licol et que j'ai voulu l'attacher à côté de sa mère, elle a pris le bout de corde dans sa bouche et l'a détaché aussi sec. Un hasard? je réessaye, rebelote. Je n'avais jamais vu Demoiselle se détacher elle-même (quoique... le nombre de fois où on m'a accusé de l'avoir mal attachée, après l'avoir retrouvée sur la pelouse!), mais elle a tenu à enseigner comment le faire à son fils. Trop bonne pédagogue! J'ai dû renoncer à attacher Silmaril pendant plusieurs années pour qu'il oublie la méthode. Sil était un poulain très turbulent et Demoiselle le suivait partout, une fois elle s'est blessée en passant derrière lui sous une clôture. Des années plus tard, une fois Silmaril castré et Demoiselle en retraite avec son fils, Silmaril était blessé au jarret après une collision avec une voiture. Pendant la nuit, une fois le véto parti, Demoiselle a nettoyé impeccablement tout le sang qui avait coulé sur la jambe avec sa langue.

Silmaril grandit

A 6 mois, Silmaril part pour son sevrage rejoindre l'élevage de son papa où il tient d'abord compagnie a un poulain pur-sang-anglais, Cancioso, avant de rejoindre les poulains Welsh: son demi-frère fils de Sunbridge Anthony et Duchesse Epona, et Son Altesse par Aigle Royal arabe et Exquise Epona. En 1985, on le met en pension dans un terrain à deux pas de notre maison, en 1987 Silmaril est castré et Demoiselle qui a atteint 18 ans vient le rejoindre pour sa retraite. Il resteront des années dans ce terrain, avec l'adjonction en 1992 du shetland "Bébé". Demoiselle est morte le 19 avril 1995 à l'âge de 26 ans, d'une maladie non diagnostiquée, Silmaril et Bébé resteront dans le même pré jusqu'à ce qu'il soit vendu pour y construire des maisons en 2003. Je rachète Bébé pour que les deux compères ne soient pas séparés (et aussi parce que j'attends ma première, et que j'espère en faire une cavalière) et ils partent en pension à Montreuil-le-Gast, puis à Bourgbarré. Silmaril est mort le 21 janvier 2011, renversé par une voiture alors qu'il s'était échappé de son box.

Silmaril n'avait pas l'intelligence de sa mère, mais c'était néanmoins un gentil poney, un peu chaud parfois, avec lequel j'ai fait beaucoup de promenades, avec sa mère, seul ou avec une copine à vélo en faisant des échanges...La compétition, on a essayé de s'inscrire à un petit entraînement, sur le chemin pour le club, Silmaril a fait un écart et est une voiture lui est rentré dans le jarret... 5 points de suture et des mois de repos. L'année suivante, je l'emmène travailler dans le manège à Fénicat, il fait le fou, je tombe en gardant le pied coincé dans l'étrier: fracture du tibia et péroné, 6 mois de plâtre... On a décidé se s'en tenir à la rando, et un peu de dressage en extérieur de temps en temps.

Silmaril était un poney très curieux, adorant explorer de nouveaux chemins (notre premier demi-tour dans une impasse a été très difficile, il voulait absolument aller de l'avant!). C'était un poney parfait pour la randonnée, s'arrêtant s'il voyait un lièvre ou un renard, pour que nous les observions tous les deux. Quand il avait eu sa dose de promenade, on lui disait "à la maison:!" en lâchant les rênes sur l'encolure, et il trouvait le chemin le plus droit même si on en avait pris un autre à l'aller. Je pourrais même dire qu'il avait l'esprit scientifique: nous passions souvent devant une grande vitre qui faisait miroir, et qui l'intriguait beaucoup, il pouvait rester 10 minutes devant. Il y a même eu une période où il regardait tous les rétroviseurs de voitures, tout ce qui reflétait son image! Un jour, on est resté plus longtemps devant la grande glace, je lui est expliqué: "regarde, c'est moi, à côté de toi, donc c'est toi, le poney", en le caressant. Ce jour là, il a dû comprendre, car son obsession des miroirs a cessé d'un coup et il n'y a plus prêté attention par la suite.

Bébé

Je ne me suis pas autant attachée à Bébé qu' à Demoiselle ou à Silmaril, soit parce que je ne l'ai pas choisi ni fait naître, soit parce que je ne peux pas le monter et que je dois me baisser pour les caresses et les bisous, mais je reconnais en lui une grande intelligence et une grande gentillesse. Bébé a été acheté à deux ans, en 1992 par les gens chez qui mes poneys étaient en pension. Son maître le vendait parce qu'il n'arrivait pas à empêcher sa fille de le maltraiter. C'était un poulain orphelin, élevé au biberon, un type shetland petit modèle (environ 0.90 m ou 0.95 m) et la grande fille de 14-15 ans montait dessus depuis qu'il était tout poulain et le forçait à galoper, où à se coucher en lui prenant un sabot. Au début, je ne savais pas tout çà, et un jour j'ai frappé Bébé, qui faisait beaucoup de bêtises (arrachait la longe des mains, se couchait quand on voulait lui curer les pieds, etc...) et il avait un air si pitoyable, naseaux froncés, que j'ai cru qu'il allait se mettre à pleurer comme un enfant, alors je lui ai demandé pardon. Peu après j'ai appris son passé et j'ai été beaucoup plus patiente avec lui, et il a très vite appris à se comporter normalement, à part qu'il chipait la nourriture de Silmaril dans son seau. Un jour, des années après, j'ai engueulé Silmaril de se laisser faire par un petit comme Bébé et je lui ait dit que c'était à lui de chasser bébé et pas à moi... Il m'a écouté, il a botté Bébé et leurs rapports de dominance se sont inversés. A la fin de sa vie, Silmaril était dominé par tous les poneys à Bourgbarré au point d'avoir du mal à se nourrir, c'est pour ça qu'il avait été mis en box avec Bébé, Bébé lui n'était pas dominé par les autres mais il se laissait toujours dominer par Silmaril... Par amitié pour lui?

Je ne sais pas si Bébé a été dressé d'une manière sérieuse dans sa vie, mais il se laisse monter par les enfants avec qui il est en général adorable, excepté quand il a peur (il n'aime pas le vent et les mobylettes). Il a aussi été attelé pour une fête, comme ça, sans dressage avant. Quand il était plus jeune, je lui mettais des barres à sauter dans le pré sur des pneus, je lui disais "va sauter!" en liberté, et il sautait...les pneus!

En 2014, Bébé prend un sacré coup de vieux, il ne mue plus et son poil s'allonge démesurément, il s'est démusclé d'un coup entre l'automne 2013 et le printemps, on a demandé un test pour la maladie de Cushing. Comme on n'a pas de tondeuse, on lui a taillé les poils au ciseaux! Heureusement que l'été n'est pas trop chaud, pauvre petit pépère!

Le test n'est pas très concluant, mais le véto pense aussi qu'il a la maladie de Cushing, mais que ce n'est pas très préoccupant. Notre pauvre Bébé a du avoir une forme a évolution rapide, car en septembre 2014 il n'est plus capable de s'alimenter et on a du se résoudre à le faire euthanasier... Le véto ne croyait pas que c'était le même poney!

Textes et dessins de Christine Zedday
Photos Christine Zedday, Alain et Hélène Bache, Boujemaa, Leïla et Nora Zedday

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